Dans la psychologie analytique de Carl Gustav Jung, l’Anima et l’Animus jouent un rôle fondamental. Ces deux archétypes symbolisent les aspects féminins et masculins présents dans chaque individu, peu importe son genre. Ils agissent comme des ponts entre le conscient et l’inconscient, offrant des clés pour comprendre nos relations, nos créativités et nos quêtes spirituelles. Cet article explore les dimensions théoriques, pratiques et culturelles de ces concepts.
- L’Anima : Elle représente l’âme féminine dans la psyché masculine. Elle est associée à la sensibilité, à l’intuition, à la créativité et à la connexion avec l’inconscient. Elle peut apparaître dans les rêves comme une figure féminine idéalisée ou comme une mère, une amante ou une sage.
- L’Animus : Il représente l’âme masculine dans la psyché féminine. Il est lié à la logique, à la volonté et à la force d’action. Dans les rêves, l’Animus peut apparaître sous forme de guerrier, de père ou de guide spirituel.
Le concept même d’anima et d’animus est tout aussi vieux que l’univers lui-même qui s’est constitué à partir de ces deux principes : le yin et le yang. La vie elle-même les porte en elle. C’est Carl Jung qui a démocratisé le concept d’anima et d’animus à travers sa « psychologie des profondeurs » et sa vision androgyne de l’être humain.
L’anima (inconscient) et l’animus (conscience) représentent deux réalités psychiques que nous portons toutes et tous en nous. Elles correspondent à deux pôles opposés qui doivent pourtant s’unir si nous voulons vivre la totalité de notre âme, de notre « MOI », de notre « SOI ». Non seulement s’unir, mais maintenir l’équilibre.
- Chez l’homme, l’anima compense le conscient masculin.
- Chez la femme, l’animus compense l’inconscient féminin.
L’anima et animus sont très difficiles à discerner, car ils se présentent dans la vie courante, toujours projetés sur l’entourage et très souvent sur le partenaire du sexe opposé. Selon Carl Jung, dans un couple, 4 personnes sont présentes : l’homme, la femme et leur anima et animus respectifs.
Selon Jung, « tout ce qui échappe à notre conscience se projette »
Qu’est-ce que l’animus ?
C’est le pôle de la « conscience » souvent représenté dans les contes de fées par l’archétype du grand esprit qui endosse un rôle positif (animus positif) ou un rôle négatif (animus négatif).
Père, grand-père, roi, prince, serviteur, petit vieux, garçonnet, le chasseur, le guerrier, le vent, les armes, les oiseaux, les nains, magiciens, les chapeaux, les cheveux : ils incarnent tous des archétypes du grand esprit.
En astrologie, c’est le soleil et mars et mercure qui reflètent cet archétype du grand esprit. « Mars » représente l’instinctif et le « Soleil », le spirituel conscient. On pourrait brièvement résumer l’animus par :
- l’affirmation de soi/dominer l’autre (Mars) ;
- agir avec les autres/asservir les autres (Mars) ;
- maîtrise de soi/agir en dépit du bon sens (Mars) ;
- comprendre/imposer (Mercure Mars et Jupiter) ;
- quête du sens, mettre du sens/perte du sens (Jupiter et Saturne) ;
- se défendre/agresser (Mars) ;
- conscient salvateur/arrogance (Soleil) ;
- confiance en soi/doute de soi (Soleil) ;
- volonté/manque de volonté (Soleil) ;
- dialogue/bavardages incessants et sans aucun sens (Mercure, Soleil) ;
- pouvoir en soi/pouvoir sur les autres (Mars) ;
- l’esprit directeur (Soleil) ;
- les opinions constructrices/les opinions acerbes (Mercure, Soleil et Mars) ;
- le dialogue/le bavardage incessant (Mercure) ;
- la raison/l’incohérence (Mercure) ;
- la morale/les préjugés (Jupiter et Saturne).
L’animus chez la femme
De manière analogue, l’Animus dans la psyché féminine suit une progression :
- Le sportif : Une énergie brute et physique, liée à la force et à l’endurance.
- Le héros : Une figure protectrice ou conquérante, symbolisant la volonté d’agir et de réussir.
- Le penseur : L’intellect et la logique, cherchant à donner un sens au monde.
- Le guide spirituel : Une figure sage qui relie la femme à sa dimension transcendante.
L’Animus se manifeste souvent dans les pensées critiques ou les idées fixes, reflétant la façon dont il structure le monde intérieur de la femme.
Les opinions de l’animus (animus négatif)
Les opinions de l’animus se présentent très souvent sous la forme de convictions profondes, difficiles à ébranler, ou de principes d’allure intouchable, de valeurs apparemment infaillibles :
- ça s’est toujours fait ainsi.
- je te dis que ;
- la bienséance veut que ;
- Tu ne te débrouilles pas très bien, j’ai lu.
- arrête de lire ces imbécillités ;
- tu n’as pas besoin de ;
- ce que tu peux être nul, empoté, incapable ;
- c’est déplacé, je ne vois pas ce que cela vient faire là
- tu ne comprendras jamais rien ;
- bon tu fais comme je te le demande, ça fait 10 ans que je te le dis ;
- c’est inutile, je le sais déjà ;
En réalité, ces opinions se résument à des préjugés. Les personnes qui les émettent n’ont même pas l’idée de les soumettre à la possibilité d’un simple doute. Elles les héritent souvent d’une figure d’autorité (père, société, formateur, supériorité intérieure ou tout substitut). Elles ne veulent plus ou hésitent à se laisser surprendre par tout ce qui « est » potentiellement accessible, mais invisible à leurs yeux à un instant T.
Les personnes possédées par l’animus parlent souvent très bien des choses « qu’elles n’ont pas vécues ». Elles ont entendu dire, lu ou appris que…
Projections de l’animus
La femme non consciente de son propre animus projette souvent son animus sur des hommes qui savent tout, qui comprennent tout ; des hommes disposant de grands charmes rhétoriques, adeptes des terminologies pompeuses, mais aussi des hommes dotés de pouvoirs ou de capacités d’action qu’elle pense ne pas avoir. Ce faisant, elle confond :
- un homme au caractère bien trempé avec un homme caractériel ;
- un homme qui a du charisme avec un homme narcissique ;
- un homme combatif avec un homme agressif ;
- un homme intelligent avec un homme arrogant.
Cherchant le pôle positif, tant qu’elle n’a pas intégré son propre animus, la femme non consciente de son propre animus rencontre souvent son ombre chez l’autre : l’animus négatif. Je vous laisse deviner le genre d’expériences qu’elle peut avoir avec ce type de partenaires. Une personne possédée par son propre animus et possédant donc une anima faible peut :
- émettre des critiques acerbes ;
- souhaiter le pouvoir sur l’autre ;
- se lancer dans des logorrhées verbales sans aucun sens ;
- se penser plus à même de décider ;
- moraliser en permanence ;
- détruire la « confiance en soi » des autres ;
- vouloir occuper le devant de la scène ;
- ne laisser aucune place à l’autre ;
- se croire plus intelligente ;
- détruire ce qui lui reste de vie ;
- détruire sa créativité et celle des autres ;
- émettre de façon péremptoire et violente des opinions ;
- juger en permanence au lieu de comprendre ;
- avoir des idées trop arrêtées ;
- rejeter l’autre pour ses idées, ses convictions.
Ce faisant, elle ne laisse aucune place à l’anima ou si peu. Elle qui crée la vie, transporte la vie, crée le lien, crée l’amour. Une personne possédée par l’animus se sent mal à l’aise avec une personne « anima ». L’homme ou la femme qui fait lien avec son anima accueille l’émotionnel, la spontanéité, laisse les portes et les fenêtres ouvertes, ce qui donne l’impression à l’homme ou à la femme animus que celle-ci divague sans raison apparente.
L’animus positif
L’Animus, selon Carl Gustav Jung, représente l’aspect masculin présent dans la psyché de la femme. Lorsqu’il est développé et intégré positivement, l’Animus devient une force puissante qui enrichit la vie intérieure et extérieure. Contrairement à ses manifestations négatives (comme la rigidité ou le jugement excessif), l’Animus positif apporte confiance, volonté et discernement.
Un animus positif donne un sens là où il n’en existe pas. Il permet de s’exprimer dans le respect de l’autre. Il permet de construire son propre système de pensées. Il permet de mettre du sens dans l’action, du sens dans l’amour. Il permet de se définir un destin par rapport à ses propres besoins de croissance. L’animus positif met de la spiritualité là où se trouvent seulement des pulsions aveugles. Ces décisions ont du sens pour lui et n’entravent pas la liberté et la croissance d’autrui.
Les qualités de l’Animus positif
- Force intérieure : L’Animus positif offre une stabilité émotionnelle et une force mentale, permettant à une femme d’affronter les défis avec courage et résilience.
- Pensée critique : Il favorise une logique claire et une capacité d’analyse qui mènent à des décisions éclairées.
- Action constructive : L’Animus positif inspire une action déterminée, éthique et alignée avec des objectifs personnels ou collectifs.
- Connexion spirituelle : Dans ses manifestations élevées, l’Animus devient un guide spirituel, aidant la femme à atteindre une compréhension plus profonde de la vie et d’elle-même.
Exemples de l’Animus positif
Dans la culture, des figures comme Marie Curie ou Rosa Parks incarnent l’Animus positif. Ces femmes ont fait preuve de courage, d’intellect et de détermination pour transformer leurs environnements et laisser un héritage inspirant. Dans les rêves, l’Animus peut apparaître sous forme de mentor ou de figure protectrice qui guide vers des solutions.
Intégration de l’Animus positif
Pour cultiver un Animus positif, on doit absolument travailler sur l’acceptation des énergies masculines intérieures et développer une confiance dans sa propre force mentale et spirituelle. La méditation, la réflexion introspective et l’éducation continue peuvent aider à harmoniser cette énergie.
L’Anima
C’est le pôle de « l’inconscience », souvent représenté dans les contes de fées par l’archétype de la grande mère, qu’elle endosse un rôle positif (anima positive) ou un rôle négatif (anima négative).
Mère, grand-mère, GRANDE Mère, petite vieille, fillette, fée, reine, sorcière, marâtre, la fileuse, la princesse, les animaux, la nature, les plantes, les arbres, les réceptacles : on peut associer tous ces archétypes à la grande mère.
En astrologie, c’est la lune et Vénus qui reflètent cet archétype de la grande mère et ses sous-archétypes. On pourrait brièvement résumer l’anima par :
- imaginer/s’illusionner (lune Neptune) ;
- recevoir/quémander (lune) ;
- donner/reprendre (lune) ;
- attente/passivité, lascivité (lune, vénus) ;
- acceptation/soumission (lune venue) ;
- patience/atone (lune, vénus, saturne) ;
- réceptacle/prison (lune, Neptune, maison 12) ;
- vie/ mort (lune, soleil, pluton) ;
- séduction/manipulation (Vénus, mercure) ;
- protéger/étouffer (lune) ;
- instincts salvateurs/instincts destructeurs (lune, vénus, pluton) ;
- inconscient salvateur/inconscient destructeur (lune, Neptune, maison 12) ;
- émotions positives/émotions destructrices (lune, Neptune) ;
- le corps (Lune, Vénus) ;
- la créativité (lune, mercure, Neptune, soleil) ;
- l’adaptation, la souplesse/la rigidité (mercure lune) ;
- ouverture/fermeture.
Cette liste s’avère non exhaustive et se symbolise aussi par le « yin » et le féminin en nous. D’autant que, dans un thème astral, les deux se mélangent ; l’anima vient colorer l’animus et vice versa. Tout comme dans la psychologie des profondeurs de Carl Jung, discerner l’anima et l’animus s’avère une tâche ardue.
L’Anima, élément féminin en chaque homme
En chaque homme existe un pôle féminin : c’est l’anima. Jung identifie quatre stades principaux de développement de l’Anima dans la psyché masculine :
- Eve : L’Anima primordiale, représentant le lien à la mère et à l’instinct biologique.
- Hélène : L’Anima en tant qu’amante ou muse, symbolisant la beauté et la sensualité.
- Marie : L’Anima spirituelle, liée à la pureté et à l’amour inconditionnel.
- Sophia : L’Anima sage, représentant la sagesse et l’intuition transcendante.
Dans les rêves, l’Anima peut également apparaître comme une figure ambiguë, reflétant des aspects refoulés de la psyché masculine.
Cet aspect féminin se rapporte à sa façon de se relier aux autres et notamment aux femmes. L’anima se rapporte :
- à sa manière d’aimer ;
- à sa sensibilité ;
- à sa capacité de recevoir, d’accueillir, de protéger ;
- son degré de patience, d’ouverture ;
- son aptitude à se laisser surprendre, etc.
Cette anima se construit en partie à partir de sa propre mère biologique et en partie à partir de « l’image de la femme » dans la société. Cet aspect féminin, plus facile à vivre pour une femme, se rapporte aux instincts maternels, mais aussi à sa façon de se relier, de désirer, de protéger la vie, de créer la vie, de créer, d’imaginer, de renouveler, d’accueillir le renouveau, de ressentir, de fusionner.
Projections de l’anima
L’homme inconscient de sa propre anima projette souvent son anima sur une femme ou des femmes qui étouffent, qui surprotègent, qui sont des capricieuses disposant de grands charmes sensuels, des dévoreuses, des adeptes du « donne-moi tout, j’y ai droit », mais qui ne font rien. Il arrive aussi qu’il projette son anima sur des femmes dotées de capacités relationnelles ou de séduction qu’il pense ne pas avoir. Ce faisant, il confond :
- une femme qui protège avec une femme qui emprisonne ;
- une femme qui aime avec son cœur ; une femme qui aime avec son corps.
- une femme nourricière avec une femme qui se nourrit des autres ;
- une femme maternelle avec une femme infantilisante.
Cherchant le pôle positif, tant qu’il n’a pas intégré sa propre anima, il rencontre souvent son ombre chez l’autre : l’anima négative. Je vous laisse deviner le type d’expériences qu’il peut avoir avec ce genre de partenaires. Une personne possédée par sa propre anima et possédant donc un animus faible peut :
- Adoptez une posture trop passive ;
- laisser ses seuls instincts, ses seules pulsions la guider ;
- se laisser nourrir par les autres ;
- se laisser submerger par des émotions paralysantes ;
- se laisser submerger par des émotions extatiques ;
- se soumettre en permanence ;
- vivre des relations dévorantes ;
- se laisser porter ;
- étouffer l’autre ;
- s’attacher trop au passé ;
- subir des sautes d’humeur ;
- perdre ses valeurs morales ;
- ne trouver aucun sens à sa vie ;
- vivre sa vie à travers des fantasmes ;
- diluer sa volonté consciente.
Ce faisant elle ne laisse aucune place à l’animus ou si peu, qui lui, crée le sens lié aux expériences et la faculté de les transmettre.
L’anima positive
L’Anima représente l’aspect féminin présent dans la psyché masculine. Lorsqu’elle se manifeste positivement, elle devient une source d’intuition, de sensibilité et de créativité. Elle aide les hommes à embrasser leur vulnérabilité et à se connecter à leur inconscient, enrichissant ainsi leur vie intérieure et leurs relations.
Une anima positive crée des liens là où il n’y en avait pas. Elle insuffle de la vie là où elle semble absente. Elle met de l’amour et des émotions là où ils manquent. Elle protège des dangers et elle se révèle secourable. Elle nous permet d’accéder à nos contenus inconscients. Elle déborde de créativité. Elle offre un lien avec l’invisible. Elle capte le sens des choses. Elle renouvelle la vie. Elle met en lien et apporte de la souplesse là où règnent rigidité et sécheresse.
Les Qualités de l’Anima positive
- Intuition profonde : L’Anima positive favorise une connexion intuitive avec soi et les autres, permettant une compréhension émotionnelle fine.
- Créativité et inspiration : Elle stimule l’imagination et la capacité à créer, que ce soit dans les arts, les idées ou les relations.
- Sensibilité émotionnelle : Elle aide à développer son écoute de ses émotions et de celles des autres, favorisant des relations authentiques et empathiques.
- Ouverture spirituelle : Dans ses manifestations les plus élevées, l’Anima agit comme un pont vers le spirituel, ouvrant à une quête de sens et d’éveil.
Exemples de l’Anima positive
Des figures littéraires comme Béatrice dans La Divine Comédie de Dante illustrent l’Anima positive comme guide spirituel. Dans la vie quotidienne, elle se manifeste chez les hommes capables de cultiver des relations profondes et significatives, ainsi que dans les moments de création où intuition et raison se complètent harmonieusement.
Intégration de l’Anima positive
Pour intégrer l’Anima positive, travailler sur sa capacité à accueillir ses émotions et à embrasser sa part intuitive s’avère essentiel pour les hommes. L’exploration artistique, les rêves et les pratiques introspectives peuvent faciliter cette intégration.
La Projection de l’Anima et de l’Animus
La projection de l’Anima et de l’Animus constitue un mécanisme courant par lequel ces archétypes s’extériorisent sur des personnes ou des situations extérieures. Ce processus peut enrichir les relations, mais aussi créer des conflits si les projections ne sont pas reconnues et réintégrées.
Qu’est-ce que la Projection ?
La projection se produit lorsque des aspects de l’Anima ou de l’Animus, souvent inconscients, sont attribués à une autre personne. Par exemple :
- Un homme peut projeter son Anima sur une partenaire, la percevant comme une figure idéale incarnant ses rêves et désirs inconscients.
- Une femme peut projeter son Animus sur un partenaire, le voyant comme un héros ou un guide intellectuel.
Les Effets positifs et négatifs des Projections
- Effets positifs : Les projections peuvent initier des relations profondes et inspirantes. Elles permettent de se connecter à des qualités que l’on cherche à intégrer en soi.
- Effets négatifs : Lorsque les projections ne sont pas reconnues, elles créent des attentes irréalistes et des conflits. Par exemple, un homme qui projette une Anima idéalisée peut être déçu lorsque sa partenaire ne correspond pas à ses fantasmes.
Reconnaissance et réintégration des Projections
Pour éviter les conflits liés aux projections, nous devons :
- Identifier les Projections : analyser ses relations pour découvrir si des qualités attribuées aux autres révèlent des aspects refoulés de soi.
- Intégrer l’Anima et l’Animus : reconnaître que ces qualités existent en soi et travailler à les développer.
- Cultiver des relations authentiques : apprécier les autres pour qui ils sont réellement, sans chercher à leur imposer des attentes issues de ses propres projections.
Les projections dans les relations amoureuses
L’Anima et l’Animus sont souvent projetés sur les partenaires amoureux. Ces projections peuvent créer une idéalisation ou des attentes irréalistes. Par exemple :
- Un homme peut projeter son Anima sur une partenaire, la voyant comme une muse parfaite, mais sans considérer ses limites humaines.
- Une femme peut projeter son Animus sur un homme, attendant qu’il incarne une figure protectrice ou intellectuelle idéale.
Ces projections, si elles ne sont pas reconnues, peuvent mener à des déceptions ou des conflits. Leur retrait est une étape essentielle pour établir des relations authentiques.
Intégrer l’Anima et l’Animus
L’Anima et l’Animus jouent un rôle central dans le processus d’individuation, concept clé de la psychologie jungienne. Ce processus vise à intégrer les différents aspects de la psyché pour atteindre une complétude intérieure. La plupart des comportements névrotiques ou porteurs de souffrance sont dus à un déséquilibre entre les deux pôles. Carl Jung appelle cela « l’animus qui nous possède » ou « l’anima qui nous possède ». L’un des deux pôles grignote l’autre.
L’intégration de l’Anima et de l’Animus passe par la reconnaissance de leurs manifestations dans nos rêves, nos émotions et nos relations. On doit éviter de projeter ces énergies sur autrui, mais plutôt les réintégrer consciemment comme parties de soi. Lorsqu’ils sont intégrés, l’Anima et l’Animus offrent un potentiel créatif immense. Ils ouvrent la voie à une meilleure compréhension de soi, à une connexion plus profonde avec l’inconscient et à une spiritualité enrichissante.
Carl Jung suggère de plonger dans son inconscient (en étant vigilant) afin de remonter à la conscience les contenus inconscients. C’est souvent ce qui est méconnu ou refoulé qui représente un danger. Méconnaître ses ennemis intérieurs c’est multiplier par cent le risque de se faire dévorer par eux.
Carl Jung propose aussi des exercices inverses. Par la visualisation créatrice, envoyer des contenus conscients dans l’inconscient afin de modifier en douceur ce qui est déséquilibré.
Le « SOI » se comporte comme un arbre : pour croître, il a besoin de plonger ses racines profondément dans la terre mère (le ressenti, les instincts, le corps) et d’élever ses branches pour aller chercher la lumière du père esprit (le sens, la conscience, la raison).
La nature (la grande mère, l’inconscience, le corps, les émotions, les sentiments) a engendré l’esprit, la raison, l’intellect, la conscience. Elle a besoin du savoir de l’esprit. Nous avons besoin de saisir le sens (esprit) de nos expériences (nature, ancrage dans la réalité). Mais nous avons aussi besoin que le sens, l’esprit (parfois trop étroit) s’enrichisse de notre intériorité. Sans cela, il devient intellectualisme et rationalisme.
L’esprit, la conscience, sans la relation, perd tout son sens. Elle respire l’arrogance et la suffisance.
À l’inverse, qui se noie dans l’océan (son intériorité) ne peut ramener les perles à la surface (la conscience).
La relation sans le sens n’est rien non plus, car, de ce fait, on se prive de sa propre individualité, on se prive de sa propre croissance et l’on navigue à vue sans but précis.
Confrontation avec l’animus
Pour l’homme comme pour la femme, chacun doit analyser ses opinions (et celles des autres) d’un œil critique, non pour les refouler, mais pour les étudier.
- Chacun doit développer un pouvoir en soi et apprendre à ne pas déléguer sa capacité d’action et de décision à quelqu’un d’autre.
- Chacun doit mener sa propre quête de sens et non la dévouer à quelqu’un d’autre.
- Chacun doit comprendre que ce qui fait sens pour l’un ne fait pas sens pour l’autre.
- Chacun doit accepter, et accueillir le « sens » des autres
Confrontation avec l’Anima
L’inconscient nous influence d’autant plus puissamment qu’il échappe à notre conscience. Chacun a l’aptitude de pouvoir converser avec lui-même.
Pour l’homme comme pour la femme, se confronter avec l’anima c’est se relier à soi-même, puis se relier aux autres. C’est aller en soi chercher la réponse. C’est se protéger soi et donc protéger les autres. C’est se nourrir soi et nourrir les autres. C’est s’aimer soi et donc aimer les autres. C’est se relier à ses émotions et donc accepter celles des autres.
Voici une sélection de références littéraires, ouvrages psychologiques, et références cinématographiques pour approfondir la compréhension de l'Anima et de l'Animus selon Carl Jung :
Références Littéraires à propos de l’anima et l’animus
Carl Gustav Jung : Œuvres fondamentales
- L'Homme et ses symboles : Une introduction accessible aux concepts d’Anima et d’Animus, et à leur rôle dans les rêves et l’inconscient.
- Les Aspects du masculin et du féminin : Une exploration détaillée des polarités masculin-féminin dans la psyché humaine.
- Psychologie du transfert : Étude des projections d'Anima et d'Animus dans les relations humaines.
Marie-Louise von Franz
- La Femme dans les contes de fées : Analyse de la manière dont l’Anima et l’Animus se manifestent à travers les récits folkloriques.
- L'Interprétation des contes de fées : Exploration de l'Anima et de l'Animus dans les récits symboliques.
James Hillman
- Anima : An Anatomy of a Personified Notion : Une étude approfondie de l’Anima comme figure centrale dans l’imaginaire humain et la psychologie analytique.
Ouvrages Psychologiques à propos de l’anima et l’animus
Toni Wolff
- Les Formes de l’âme féminine : Analyse complémentaire des énergies féminines et masculines dans la psyché humaine.
Robert A. Johnson
- He : Understanding Masculine Psychology : Une étude sur le rôle de l'Animus dans le développement psychologique masculin.
- She : Understanding Feminine Psychology : Une exploration de l’Anima dans le développement psychologique féminin.
Jean Shinoda Bolen
- Les Déesses dans chaque femme et Les Dieux dans chaque homme : Bien que centrés sur les archétypes mythologiques, ces ouvrages offrent des parallèles enrichissants pour comprendre l'Anima et l'Animus.
Anthony Stevens
- Jung : A Very Short Introduction : Une synthèse des idées de Jung, avec une explication claire de l'Anima et de l'Animus.
Clarissa Pinkola Estés
- Femmes qui courent avec les loups : Bien que centré sur l’archétype féminin, cet ouvrage explore des thématiques liées à l’Anima et à l’Animus.
Références Cinématographiques à propos de l’anima et l’animus
Films explorant l’Anima
- Her (2013) de Spike Jonze : Une exploration de l’Anima sous forme de relation entre un homme et une intelligence artificielle, incarnant ses désirs inconscients.
- La Belle et la Bête (1991, Disney) : Une représentation symbolique de l’Anima comme force de transformation et de réconciliation.
- Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001) : Amélie incarne une Anima inspiratrice pour les autres personnages, notamment dans leur quête de sens.
Films explorant l’Animus
- Wonder Woman (2017) de Patty Jenkins : Diana Prince incarne un Animus positif, alliant force et compassion.
- L’Éveil (1990) de Penny Marshall : Le Dr Sayer incarne un Animus positif, guidant les patients dans leur processus de réintégration et de reconnexion à leur être profond.
- Jane Eyre (2011) de Cary Joji Fukunaga : La relation entre Jane et Rochester illustre une projection réciproque d’Anima et d’Animus, enrichissant leur développement mutuel.
Films traitant des projections d’Anima et d’Animus
- 500 jours ensemble (2009) de Marc Webb : Une exploration des projections d’Anima sur une partenaire idéalisée, mettant en lumière leurs impacts sur les attentes et les désillusions relationnelles.
- Inception (2010) de Christopher Nolan : L’image de Mal, dans l’esprit du protagoniste, incarne une projection d’Anima, reflétant sa lutte intérieure et son besoin de libération émotionnelle.
- La La Land (2016) de Damien Chazelle : Une représentation poétique des idéaux projetés dans les relations amoureuses, et de leur transformation au fil du temps.
